Mon parcours"J’ai eu la chance de pouvoir beaucoup parler avec une collègue reconnue, une grande professeure, qui avait également des enfants. Elle m’a toujours encouragée et écoutée, sans jamais me forcer."
Je suis professeure assistante à la Faculté des sciences de la communication de l’Université della Svizzera italiana (USI) à Lugano. Je fais de la recherche sur l’argumentation, ce qui peut être décrit comme un dialogue visant à trouver une solution raisonnable à un désaccord. Je me concentre sur l’argumentation dans la résolution des conflits et dans les relations sensibles (par exemple : les relations familiales et la prévention des conflits). Je suis une personne orientée vers la recherche et une enseignante passionnée.
Ma passion est de contribuer à la société par la recherche. Pour moi, le dialogue argumentatif est l’une des clés de la résolution des différends entre individus et dans la société au sens large. C’est aussi un moyen de prévenir des conflits violents et les affrontements stériles. En effet, l’argumentation fait du désaccord une force de changement et d’interaction. J’aime faire de la recherche et travailler avec des collègues et des doctorant-e-s. Quand je me sens coupable de ne pas être avec mes enfants, je me rappelle que c’est dans le but de leur laisser une société meilleure.
Mon parcours. Mon amour pour ce que je fais m’aide beaucoup, en plus de toutes les personnes passionnées et encourageantes qui m’entourent : mon mari, mes enfants, d’autres membres de ma famille et mes ami-e-s, mais également des collègues qui m’ont beaucoup aidée durant les premières années de ma carrière. Un moment clef pour moi a été le passage du doctorat au post-doc. Je suis partie au Royaume-Uni immédiatement après la naissance de mon deuxième enfant et je devais réfléchir à mon développement, mes intérêts et les possibilités de carrière. Ce fut une période difficile, mais j’ai eu la chance de pouvoir beaucoup parler avec une collègue reconnue, une grande professeure, qui avait également des enfants.
Elle m’a toujours encouragée et écoutée, sans jamais me forcer. Cette relation m’a donné de l’espoir et aidée à ne pas lâcher.
Je dois beaucoup au système scientifique et universitaire suisse. Comme professeure assistante, j’ai eu la chance de développer mon propre groupe de recherche, de partir à l’étranger avec des bourses du Fonds national suisse (FNS) et d’obtenir un financement pour mes recherches. A l’USI, je collabore avec le Service égalité – je pense qu’il fait beaucoup pour sensibiliser le public aux «problèmes» des femmes à l’université.
Un bémol, des obstacles ? Trouver le bon équilibre entre travail et famille pour une mère de jeunes enfants n’est jamais facile. Je lutte constamment pour définir ma «façon» de faire ce travail, ainsi que mes forces et mes limites ; en partie à cause de problèmes pratico-pratiques à résoudre et en partie à cause de raisons culturelles. Il n’y a pas d’obstacles en soi. Ils naissent des préjugés concernant la place des femmes à l’université.
Bien que je travaille dans les sciences humaines, le nombre de professeurs masculins est toujours supérieur à celui des femmes. Comme je l’ai dit, les obstacles sont en partie objectifs (mobilité professionnelle, intensité du travail, équilibre entre vie professionnelle et vie privée, etc.) et en partie culturels. Par culturel, j’entends les préjugés du genre : «vous avez des enfants, donc vous ne pouvez pas faire ça !» Je sais de collègues plus jeunes qu’elles doivent faire face à des commentaires du style : «vous pourriez avoir des enfants à un moment donné, donc je ne vous fais pas confiance». J’espère vraiment qu’au moins la partie culturelle changera bientôt.
Je suis fière de défendre une approche de l’argumentation qui considère le dialogue argumentatif comme une alternative au conflit et une manière de transformer le désaccord. Je suis fière d’avoir créé un petit groupe de recherche composé de doctorant-e-s passionnés qui travaillent sur ce sujet à l’USI en collaboration avec d’autres collègues nationaux et internationaux. Je suis également fière de travailler à temps plein avec trois enfants et un mari également à plein temps dans la recherche. Je suis fière chaque fois que nous sourions à notre équilibre moins que parfait.
My family, my friends, and the work I do on argumentation – it’s as simple as that.
Sophocles’ Antigone, and my grandfather, who instilled in me the idea that studying is a privilege and a joy.
Too many books and 12 Angry Men (Sidney Lumet)
I am not sure I have role models because I tend to do things my own way. But I admire numerous (male and female) colleagues.
My standing desk in the kitchen.
Green, like the garden I wish I was always in.
I have so many : to spend some time in Australia ; for my experience of working with children to be useful to others ; and to raise more awareness within society about women in the workplace and especially in the academic world.