Patrycja Paruch

1977

Professeure à la Faculté des sciences de l’Université de Genève, Genève

Situation professionnelle en 2019

"Ce qui me motive, c’est de trouver des solutions à des questions ou problèmes en physique passionnants avec des gens doués et compétents passionnés par ce qu’ils font."

Mon parcours

Je suis professeure en physique à la Faculté des sciences de l’Université de Genève. J’étudie les propriétés fonctionnelles des matériaux à des échelles nanoscopiques, en utilisant surtout diverses techniques de microscopie à balayage. On essaie de comprendre les relations entre la structure (souvent légèrement altérée p. ex. dans des matériaux dimensionnellement réduits, ou dans des structures intrinsèques nanoscopiques telles les parois de domaines ferroélectriques) et les propriétés telles la conduction électrique, de fortes réponses électromécaniques, un ordre magnétique, etc. qui peuvent être bien différents que dans les mêmes matériaux à l’échelle massive.

Ce qui me passionne. Lors d’une bonne journée, on voit quelque chose de vraiment neuf, des phénomènes marrants, pas encore compris, qu’on tente de clarifier. J’aime bien aussi enseigner – voir cette petite lueur de «wow, I just understood that, it’s so cool» dans les yeux d’étudiant-e-s devant un nouveau concept. Et ce qui me motive, c’est de trouver des solutions à des questions ou problèmes en physique passionnants avec des gens doués et compétents passionnés par ce qu’ils font. J’apprécie par-dessus tout les interactions avec mes doctorant-e-s, post-docs lors qu’on brainstorme par exemple, ou discuter de nouveaux résultats avec mes collègues lors de conférences.

Mon parcours. Une longue série de moments qui s’ajoutent… surtout le soutien, personnel et professionnel pour continuer. Par exemple le soutien de ma famille et de mes ami-e-s, soutien lors de périodes difficiles et celui de mes mentors par des conseils concrets et des commentaires honnêtes.

Un bémol, des obstacles ? Surtout les charges administratives, toujours plus présentes, parfois kafkaïennes. Et puis étonnement répandus dans la communauté académique, le syndrome de l’imposteur, le stress et la dépression, affectant plus souvent les femmes que les hommes. Egalement les attentes, paradoxales et floues, de ce qu’est une femme à succès. Enfin, moindre mais encore très persistant, le sexisme véhiculé, parfois inconsciemment, dès lors que l’on définit ce qu’est et ce que doit faire un scientifique.

Il y a peu de femmes dans mon domaine, mais heureusement bien plus qu’il y a 20 ans… Maintenant, lors des conférences, les physiciennes de mon âge, ou plus âgées, dans la file d’attente des toilettes, se sourient et se disent «Super la file d’attente !». Les plus jeunes nous regardent et pensent que nous sommes un peu folles. Mais c’est parce qu’il fut un temps où il n’y avait jamais de file d’attente, même dans les plus grandes conférences.

Scientifiquement, je suis fière des premières mesures à l’échelle nanoscopique de rugosité et dynamique non- linéaire des parois de domaine. Plus généralement, je suis fière de mes étudiant-e-s que j’ai suivi-e-s durant leur doctorat – le fait qu’ils/elles ont progressé en maturité et en indépendance scientifique, de leur avoir enseigné à toujours poser des questions, à persévérer malgré les revers. Mes points forts : patience, capacité à voir des connections, sens de l’humour et imagination.

À la Proust

Cet encart vous est présenté dans sa langue d’origine
Au-delà de votre profession

En dehors de la physique… lire, jardiner, randonner, faire de l’escalade et cuisiner.

Des personnes qui vous inspirent

Marie Curie (oui, oui), Michelle Obama et Terry Pratchett.

Un livre & un film

The City and the City (China Miéville), Poisonwood Bible (Barbara Kingsolver), Cloud Atlas/Cartographie des nuages (David Mitchell), Wolf Hall (Hilary Mantel) Solaris, English Patient/Le Patient anglais (Michael Ondaatje), The Ocean at the End of the Lane (Neil Gaiman) et Bladerunner (Ridley Scott), Trois couleurs – Bleu Krzysztof Kieslowski.

Un modèle

Le professeur Jean-Marc Triscone et la professeure Beatriz Noheda.

Un objet

A book, clearly read many times, a bit worn at the corners.

Une couleur

Le bleu