Pauline Gygax

1976

Productrice de films, Genève

Situation professionnelle en 2019

"Mes parents qui m’ont permis de grandir dans un contexte égalitaire et féministe, intégrant profondément en moi l’idée que mon genre ne devrait jamais brider aucune ambition."

Mon parcours

Mon métier de productrice consiste à concrétiser, à rendre réel le fantasme ou le désir d’un-e auteur-e à partir de l’idée de film qui naît dans sa tête et de l’accompagner dans sa démarche jusqu’à la sortie en salles.

Ce qui me passionne. L’accompagnement artistique, le défi du financement, les obstacles, les aventures humaines. Mais aussi me nourrir des échanges permanents avec les artistes et mes collègues. M’inventer sans cesse de nouveaux défis. Agir politiquement à mon humble niveau : questionner les modes et habitudes de fabrication, les questions de représentativité, me sentir en cohérence avec mes idées, intellectuelles et artistiques.

Mon parcours. C’est plus de 15 ans de travail acharné qui m’ont menée là où je suis aujourd’hui. Mon début de carrière dans la photographie contemporaine, la direction du Centre de la Photographie de Genève de 23 à 25 ans, n’était que le début de cette longue route. Auparavant, mes études ont également contribué à construire la personne que je suis. Ma vie est faite de rencontres fondamentales ! Mais si je devais citer une seule personne-clef, je citerais, une fois n’est pas coutume, un homme, Max Karli, mon allié de tous les instants, avec qui j’ai eu cette idée folle d’ouvrir une société de production.

Et avant tout, mes parents qui m’ont permis de grandir dans un contexte égalitaire et féministe, intégrant profondément en moi l’idée que mon genre ne devrait jamais brider aucune ambition. Puis, j’ai eu la chance d’avoir été soutenue à plusieurs étapes de ma vie professionnelle par des figures bienveillantes, souvent discrètes. Elles se reconnaîtront.

Un bémol, des obstacles ? J’ai la chance d’avoir une équipe en or qui me permet de déléguer une grande partie des tâches plus administratives, et j’en suis la première soulagée. C’est très chronophage et surtout douloureux pour un cerveau comme le mien.

La petite misogynie quotidienne. Et plus précisément dans le cinéma, où l’idée de passe-droit est évidemment amplifiée par l’imagerie liée à ce milieu – la séduction, la fête, le pouvoir de la célébrité et de l’argent… Cela dit, le fait d’avoir un associé homme m’a certainement un peu protégée. La méfiance est évidemment parfois ressentie, puisque c’est un domaine qui brasse énormément d’argent, mais je constate avec plaisir que la situation en Suisse est à ce niveau-là privilégiée en comparaison avec ce que vivent certaines collègues productrices d’autres pays, notamment latins.

Enfin, le paternalisme, qui malheureusement est universel et transdisciplinaire !

Je pense être une bonne partenaire de jeu pour les auteur-e-s et réalisateurs et réalisatrices, ainsi que pour l’équipe en général. Ma sensibilité artistique, ma pugnacité et ma créativité font de moi une partenaire exigeante mais fidèle et loyale.

À la Proust

Cet encart vous est présenté dans sa langue d’origine
Au-delà de votre profession

Mes enfants, mon métier, l’art et la littérature.

Des personnes qui vous inspirent

Mes amies et amis.

Un livre

Je pense que jamais je ne pourrai répondre en deux mots à cette question. Mais les écrits de Susan Sontag, de Serge Daney ou d’Hannah Arendt notamment, sont importants pour moi.

Un modèle

Beaucoup. Principalement des femmes artistes. Et ma mère.

Un objet

Un masque

Une couleur

Le vert céladon

Un rêve

Le don d’ubiquité et un sommeil facile.